l'Envoyé d'Allah (Alayhi salât wa salam) faisait la prière auprès de la Maison Sacrée, alors que 'Abû Jahl et ses compagnons étaient assis non loin de lui. Comme on venait d'égorger un chameau la veille, 'Abû Jahl dit: "Lequel d'entre vous pourra apporter le placenta de la chamelle des Banû tel et le mettra sur le dos de Muhammad, quand il se prosternera?". Le plus malheureux d'entre eux se leva et apporta le placenta, puis il attendit que le Prophète (aleyhi salât wa salam) se prosternât et le mit sur son dos entre ses épaules. Ils éclatèrent de rire en se penchant les uns vers les autres. Quant à moi, ajouta le transmetteur, quoique j'aie assisté à cette scène, je n'ai pas pu agir; or si j'avais quelque force, j'aurai ôté ce placenta loin des épaules du Prophète (aleyhi salât wa salam). Le Prophète (aleyhi salât wa salam) demeura alors prosterné, alors qu?un homme alla prévenir Fâtima, encore très jeune, qui ne tarda pas à venir. Elle prit le placenta, le jeta loin de son père et se tournant vers les Qoraychites, elle les invectiva. Ayant terminé sa prière, le Prophète (aleyhi salât wa salam) leva sa voix en appelant les malédictions sur les Qoraychites. Quand il maudissait les impies, le Prophète avait l'habitude de le faire trois fois et quand il invoquait Allah, il le faisait à trois reprises aussi; et c'était ainsi qu'il le fit ce jour-là: "Grand Dieu! C'est à Toi de ruiner les Qoraychites". Quand ils entendirent sa voix, les Qoraychites cessèrent de rire redoutant l'exaucement de son invocation. Le Prophète, quant à lui, poursuivit: "Grand Dieu! Tire vengeance de 'Abû Jahl ibn Hichâm, de `Utba ibn Rabî`a, de Chayba ibn Rabî`a, d'Al-Walîd ibn `Uqba, de 'Umayya ibn Khalaf, et de `Uqba ibn 'Abî Mu`ayt". Le transmetteur ajoute qu'il a mentionné un septième mais qu'il n'a pas retenu son nom et poursuit: "Par Celui qui, par la Vérité, a envoyé Muhammad (aleyhi salât wa salam) j'ai vu tous ces gens-là morts le jour de la bataille de Badr et on les traîna jusqu'au puits de Badr ". D'après `A'icha, femme du Prophète, (qu'Allah soit satisfait d'elle), elle lui demanda un jour: "Y eut-il jamais pour toi une journée plus pénible que celle de la bataille de 'Uhud?". - "Certes, répondit-il, j'ai eu bien à souffrir de tes compatriotes, mais ce qui me fut le plus pénible de leur part, ce fut l'affaire d' Al-`Aqaba, lorsque, à l'exposé de mes demandes, Ibn `Abd Yâlîl ibn `Abd Kulâl répondit par un refus total. Je me retournai, affligé ne sachant trop où diriger mes pas et ne recouvrai mes esprits qu'arrivé à Qarn Ath-Tha`âlib; et alors, levant la tête, voilà que je vis un nuage qui me couvrait de son ombre et, l'ayant considéré, voilà que dedans j'aperçus Gabriel qui m'appela et me dit: "Allah, l?Exalté, a bien entendu les propos de tes compatriotes et les réponses qu'ils t'ont faites; et il t?a envoyé l'Ange des montagnes pour que tu lui donnes, au sujet de ces infidèles, tel ordre qu'il te plaira". L'Ange des montagnes, m'ayant appelé, me salua et me répéta ce qu'avait dit Gabriel: "O Muhammad! Allah a bien entendu les propos de tes compatriotes et les réponses qu'ils t'ont faites; et je suis l'Ange des montagnes et ton Seigneur m?a envoyé vers toi pour me dicter ton ordre à leur sujet. Désires-tu que je fasse replier sur eux les deux grandes montagnes qui dominent La Mecque?". - "Non, répondis-je, car du dos de ces impies, j'espère qu'Allah fera sortir des fidèles qui L'adoreront Seul sans Lui donner d'associés".